Une envie de cheminer en été, parmi les plus beaux sentiers du monde? Sans le budget pour aller trekker dans les Rocheuses? Trop peur de l'avion pour partir en Afrique gravir le Kilimandjaro? Pas assez de congés pour traverser l'Himalaya? Pas trop chaud de se retrouver coincé dans la foule du Mont-Blanc? Une solution : faire le tour des volcans du Cantal! Et je ne plaisante pas.
Premier jour : 7h de marche
Départ de la petite ville de Murat, en fin de matinée. Il fait très chaud.
Direction Seycheuse. C'est bien indiqué, il suffit de suivre le GR 400 jusqu'aux Lissards. Là on sert à droite pour longer la barrière rocheuse et déboucher au buron de Peyre Gari
Ensuite c'est la chouette ascension de Seycheuse (1650m)
À suivre au programme, le Téton de Vénus, Bataillouse, col de Cabre et redescende vers La Courbatière. Sur un coup de chaud, on essaie une variante sous Vénus par un sentier tracé par le bétail, difficilement praticable, qu'on ne conseillera donc pas car on finit sur le cul en s'accrochant aux fougères.
On rejoint le délicieux gîte auberge de la Boudio où on est reçu comme des rois. Bière fraiche et locale, repas grandiose, dortoir propre et spacieux, accueil sympa. Le bonheur.
Deuxième jour : 9h de marche
Après un petit déjeuner pantagruélique, on trace vers le col de Serre par la montagne d'Impradine.
Il fait déjà très Chaud. Heureusement, on replonge dans l'ombre du bois Mary aussitôt passé le col. On descend tranquillou par le GR jusqu'au gîte de Lavialle ou on déguste un bon café maison. L'accueil est là aussi si chaleureux qu'on se promet de s'y arrêter dormir la prochaine fois.
On laisse le village de Lapeyre derrière nous, puis l'étang de Lascourt et on entre se mettre à l'abri du cagnard dans le beau bois de la Bragouse où c'est pique-nique, allongés dans l'herbe fraîche.
Après une petite sieste, on traverse le bois de la Bragouse pour déboucher plein soleil sur le buron de Ricou la Mouche. Là, il est possible de remplir ses bidons d'une eau fraîche et délicieuse (c'est un paysan, à Lapeyre, qui nous a renseigné). On rejoint ensuite la crête entre le Suc de la Blatte (1552 m) et le Suc Gros.
La chaleur est étouffante et l'étape plus longue que prévu. Heureusement le paysage, pas trop moche, nous donne la frite. On traverse, après le Suc Gros, des estives gigantesques ou règnent le silence et la solitude. Quelques burons plus ou moins debout émergent de ce paysage tout en rondeur. Les odeurs qui se mélangent sont dingos : bétail, poussière, fleurs, foin, gentiane, bouses de vache, bois, anis, cuir...
À la hauteur du Luchard, on bascule dans la vallée du Falgoux. La descente est éprouvante. Les jambes, lourdes.
On arrive au village du Falgoux rincés, après plus de 9h de marche sous le soleil. On a bu plus de trois litres d'eau chacun. Le gîte étape se trouve au camping municipal. Pour se refaire la cerise, on dévore un repas somptueux à l'hôtel des Voyageurs (possibilité de se faire la bouffe au gîte, sinon). Puis, dodo (Merci Boule Quiès©).
Troisième jour : 8h de marche
Départ très tôt le matin. Il va encore faire très chaud.
De suite à la sortie du Falgoux, sans prévenir, on entre dans une autre dimension. Une expérience unique que seuls quelques privilégiés ont eu la chance de connaitre : La traversée du bois de l'Impramau. Difficile d'en parler (et même mes photos sont nazes). Il faut y aller, c'est tout. Mieux qu'un décor de cinéma puisque c'est en vrai : on chemine dans un dédale de roches énormes, d'arbres gigantesques, d'ombres surnaturelles, de murs antiques à moitié effondrés et mangés par les lichens. On se retrouve propulsé à une autre époque, où les pèlerins devaient bénir en frissonnant cette merveille de la nature. Bref, on a bien aimé.
C'est trop court : à hauteur du Roc du Merle, on dévie vers l'impramau, toujours sur le GR400, qui sillonne sans fin sous le Roc des Ombres, pour finir par déboucher au buron du Violental. On croise, croyez-le ou non, notre premier randonneur depuis le départ, le premier jour! Il est à sec (à 10h le matin) et doit redescendre vers le Fau chercher de l'eau.
De notre côté, quelques centaines de mètres après le violental, à la hauteur de ruines, on à la chance de tomber sur une source. L'eau est profonde, fraîche, musicale et nos réserves déjà presque vides : on se laisse tenter à remplir nos bidons. Le Puy Violent (1592) est vite gravit et redescendu. Ensuite, comme d'habitude (et comme tout le monde apparemment), sans vraiment comprendre pourquoi, on se perd : entre le Violent et le Chaumeilhou, le GR400 disparait. Il faut donc pointer vers la crête au sud, en passant largement à gauche de la cascade et là vous tomberez sur le panneau (ci-dessous) qui vous fera retrouver le GR : non, ne me remerciez pas.
On descend ensuite tranquillou sur le village du Fau. On à le temps d'observer sous nos pieds le grand Bois Noir qu'on traversera demain matin. Le gîte étape est au centre du village, en face de la fontaine. L'accueil est très sympa et familial. Chouette vue sur la terrasse, ou l'apéro est servi sans stress.
Quatrième jour : 7h de marche
Après une bonne nuit de sommeil et un bon petit dej, on quitte le Fau, direction le village de La Bastide puis le Bois Noir qu'on traverse avec la banane.
Arrivés au Roc d'Hozières (1614 m) on longe Roche Taillade puis la Chapeloune pour déboucher au col de Redondet (1640 m) ou on croise pour la deuxième fois depuis notre départ d'autres marcheurs!
Après un léger pique nique on trace vers le puy de Chavaroche (1735 m) ou il y a foule (beaucoup de promeneurs se garent sous le col de Redondet et font l'aller retour (1h)). Malgré la vue, on ne s'attarde pas, d'autant que le temps, très lourd, se gâte. On reçoit les premières gouttes de pluie.
Du coup, on décide, à la hauteur du Piquet (1540m), de descendre directement vers Mandailles. À l'origine on avait prévu de faire la boucle par le Puy de Bassierou (rajoutez alors entre 1h30 et 2h de marche). Ca descend bien raide.
Arrivée à Mandailles juste avant la pluie. Gite étape superbe, à l'accueil parfait une fois de plus. Il faut prendre le temps de se promener à Mandailles. Ne serait-ce que pour y admirer les vieilles demeures (souvent endormies). Diner au Bout du Monde. On recommande.
Cinquième jour : 8h de marche
Départ dans le brouillard (il a plu une partie de la nuit) direction le Puy Griou, toujours sur le GR 400.
Le temps se découvre. Mais il fait de nouveau très lourd. Ascension obligatoire du Puy Griou.
Puis, redescente vers la moche Station du Lioran encore en voie d'agrandissement. On se demande si les skieurs qui fréquentent ce genre d'endroit en hiver, quand tout est caché par la neige, mesurent bien l'impact d'une petite station de ski sur le paysage et leur environnement. C'est un peu comme les gens qui mangent une côte de boeuf, sans savoir comment ça se passe dans un abattoir, non?
On grimpe au Plomb du Cantal (1855m), complètement désert, avec l'orage aux trousses. On se dépêche d'aller se mettre à l'abri à Prat-de-Bouc ou on arrive pile poil avant le déluge. Gîte tout confort, pas cher, et accueil sympa.
6e et dernier jour : 6h de marche
C'est la premiere fois qu'on sort nos affaires de pluie (on est limite content qu'il pleuve, car ça fait 5 jours qu'on les porte dans nos sacs, pour rien). Direction le cirque de Chamalières, via la belle cascade des Vergnes.
C'est agréable de marcher sous la pluie. Et puis ca sent bon. On laisse le puy du Rocher derrière nous.
Le village de la Molède a un petit côté Délivrance alors on presse le pas, et on se retrouve (sous un déluge tropical) à Murat, fin de notre périple.
6 jours de bonheur. Un peu en dehors du monde. Que des gens très sympas, curieux, ouverts et accueillants, croisés sur des paysages 4 étoiles. A faire et à refaire.
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